Ce mois de décembre 2023 le Jazz nous a visités en quelques notables manifestations.
Une découverte fut pour beaucoup (pour tout le monde je pense, moi en tout cas) la pianiste Champian FULTON * associée à André VILLÉGER, saxophone ténor :
- un clavier particulièrement énergique, sans lourdeur, du nerf, et le swing sur chaque note
- jeu en accords souvent à la Milton BUCKNER, phrasé oscillant entre Hank JONES et Diana KRALL, mais surtout beaucoup de naturel et de spontanéité,
- et, d'évidence, le plaisir de jouer et d'être là.
Elle chante aussi, bien, mais c'est le piano qui domine et emporte l'adhésion.
Champian Fulton au "Mezzrow" à New York
André VILLÉGER fut à son habitude élégant, simple, musical. Association marquée, efficace. Grande salle pleine du bel Olympia de la ville (parterre et balcons peut-être 7 ou 800 personnes ?)
Le lendemain (vendredi 8), Jérôme ETCHEBERRY " Satchmocracy " : la trame des grandes versions armstrongiennes reprise avec maestria par notre Pops arcachonnais, sans copiage ni " paralysie esthétique " : choix et distribution des voix, arrangements, ... tout était succulent et contemporain (c'est-à-dire mieux que moderne !) Notre trompettiste a fait un travail considérable : garder l'esprit dans un habit nouveau, sans sacrifier le swing essentiel, la couleur et la voix du Jazz éternel. Ses compagnons habituels étaient à l'honneur, Malo MAZURIÉ seulement remplacé par Noël CODJIA, jeune trompettiste au jeu fin et personnel.
Un joli instant : avant que le concert commence, Jérôme ETCHEBERRY s'est fait entendre du fond de la salle, seul, et l'on a pu apprécier, au naturel, sans amplification, sa sonorité charnue, " à la Armstrong ", instant magique, belle mise en bouche, en oreilles pardon ...
Le 9 décembre, le trio Louis MAZETIER, Michel PASTRE, Guillaume NOUAUX : petit concert par la durée mais grand pour l'intensité : trois jazzmen chevronnés : style, swing, sens du jazz chevillé au corps.
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Louis Mazetier, Michel Pastre, Guillaume Nouaux à Arcachon © M. Stochitch
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Enfin, le soir, changement de registre, d'ambiance, de musique : l'Octet bop du trompettiste Fabien MARY (que nous avions connu chez PASTRE Orchestra il y a bien des années). Musique harmoniquement plus complexe, plus dissonante diront certains, assez riche dans les intentions pour peu qu'elle soit très exactement exécutée (ce qui était le cas) ; musique dont le swing n'était pas la préoccupation principale mais très intéressante musicalement. L'orchestre était fort heureusement " appuyé " sur une bonne rythmique avec laquelle une dérive n'est pas possible (quoique ...); l'ensemble a donc bien sonné, même swingué parfois ... Mais comme toujours dans la musique be bop, il faut avaler des thèmes cornichons sans séduction mélodique, des giclées de notes à la va comme je te souffle et des improvisations passe-partout ...
Donc, bon Festival. Pour ma part je déplorerai, comme à mon habitude, la sonorisation inutile qui déforme les timbres des instruments, engendre des résonances, déséquilibre les rapports instrumentaux (malgré les "balances" faites), etc.
Conclusion provisoire : c'est en Province (pas en région !) qu'on entend encore du Jazz.
