Laurent, Bathilde, Big boss, Rosemay, Nandy, La zouzougne, Blues en Guy Demole, La fille, New J.B., Krazoubic, Kouka libre, Reeds, Drums fantasy, Medley : I'll be proud of you, you'll be proud of me / Sweet Louisiana. .
Ce disque a été gravé le 25 mai 2011. en septet. avec des musiciens dont les noms nous sont familiers : outre Olivier Franc (saxo soprano et leader) Gilles Berthenet est à la trompette, Benoît de Flamesnil au trombone, Robert Veen au baryton la rythmique est emmenée par Jean-Baptiste Franc au piano, avec Gilles Chevaucherie à la basse et François Laudet à la batterie.
Olivier Franc s'est attelé à la lourde tâche de réaliser un album constitué uniquement, ou presque, de thèmes originaux de sa composition, hormis New J.B. signé par son fils Jean-Baptiste, et le dernier morceau réunissant deux inédits de Sidney Bechet.
D'entrée, ce qui frappe. c'est la grande homogénéité tant dans l'inspiration que dans l'écriture des thèmes, la plupart fort mélodiques. Les arrangements. de tout premier ordre, ont été écrits par le musicien hollandais Robert Veen qui tient par ailleurs le saxo baryton. Comme l'indique le titre du recueil, Olivier Franc a souhaité recréer l'ambiance des petites formations du Duke tout en y ajoutant la touche et la sensibilité Bechet.
Parmi les interprétations qui me paraissent les plus réussies, je citerai Laurent. Big boss, Rosemay, Blues en Guy Demole, La fille et le medley final l'II be proud of you... / Sweet Louisiana. Le morceau intitulé Laurent est une jolie composition, prise en tempo médium. qui bénéficie d'une belle collective avec de bons solos du pianiste et du bassiste. Bathilde est un thème bluesy au cours duquel le soprano inspiré et lyrique d'Olivier Franc intervient deux fois en solo. Big boss un des meilleurs titres. pris sur un tempo enlevé, est transcendé par un solo plein de flamme du pianiste Jean-Baptiste Franc, et tant les riffs que le phrasé staccato nous rappellent furieusement Christopher Columbus. Rosemay, La fille, Krazoubic et Reeds, sur lesquels plane l'esprit de Sidney Bechet, privilégient avant tout la richesse de la mélodie. Blues en Guy Demole, au titre facétieux, pris en up-tempo, est porté par un after-beat marqué de François Laudet, tandis que le pianiste prend un réjouissant solo et que la collective. au swing appuyé. termine tout en puissance. Drums fantasy est destiné à mettre en valeur le remarquable drumming de François Laudet, seul soliste, dont les interventions sont ponctuées de généreux riffs d'ensemble.
Olivier Franc rend un vibrant hommage à Sidney Bechet dans un medley qui marie deux compositions du maître.inédites jusque-là, I'll be proud of you... / Louisiana, traitées sous la forme d'un concerto pour saxo soprano et orchestre. Soutenu par d'harmonieux organ chords, Olivier Franc y donne le meilleur de lui-même. Le bon trompettiste Gilles Berthenet se fait apprécier tout particulièrement sur Bathilde, La zouzougne et La fille; quant à Benoît de Flamesnil. qui ne lui cède en rien, il est à son avantage dans Big boss, La fille et Krazoubic.
Saluons la prestation d'Olivier Franc, excellent de bout en bout, mais aussi celle de Jean-Baptiste Franc, pour ses remarquables qualités tant à l'accompagnement qu'en solo.
Un disque que l'on ne peut que recommander. (C.S.)
Christian Sabouret (Bulletin du HCF N°609 - Mars 2012, page15)
PINETOP PERKINS
HEAVEN'
BLIND PIG ref.BPCD 5145
44 blues, 4 o'clock in the morning, Relaxin', Sitting on top of the world, Just keep on drinking, Since I fell for you, Pinetop's boogie woogie, Ida B, Sweet home Chicago, Pinetop's blues, Willow weep for me, That's all right.
Le 21 mars 2011, le pianiste et chanteur de blues Joe Willie Pinetop Perkins nous quittait ; il allait avoir quatre-vingt-dix-huit ans et. malgré son âge, il était encore on the road peu de temps avant son décès. Avec lui disparaissait l'une des figures légendaires du blues du Delta. Sa notoriété, bien que tardive, lui avait valu l'obtention de plusieurs Grammy Awards dans la catégorie Bluesmen. Toutefois, si l'on se penche sur le déroulement de sa carrière, on ne peut que constater qu'il resta longtemps dans l'ombre de bluesmen reconnus, notamment en tant que sideman auprès de Muddy Waters et de bien d'autres. C'est donc aussi bien pour honorer sa mémoire que revaloriser son image que le label californien Blind Pig vient de publier des faces restées jusqu'à présent inédites. Elles furent gravées à New York le 24 novembre 1986. Dans la plupart d'entre elles, Pinetop Perkins joue en solo, sauf sur Just keep on drinking, Since I fell for you, Ida B et That's all right où il est accompagné par le bassiste Brad Vickers et le batteur Pete DeCoste. Par sa façon très prenante de chanter, Pinetop Perkins nous immerge dans le blues le plus authentique et, même s'il n'est pas un des plus grands chanteurs de blues, sa voix voilée, teintée de raucité. touche au plus près les racines du blues et ne peut que séduire l'auditeur dans 4 o'clock in the morning, Relaxin', Ida B ou encore Pinetop's blues. Quant à Sitting on top of the blues, c'est son vieux compagnon de route, le batteur Willie Big Eyes Smith. qui le chante avec un joli feeling ; il s'agit d'un blues lent où Pinetop Perkins déroule au piano des phrases bien senties et parsemées de notes bleues. Les faces en trio swinguent allègrement, en particulier Just keep on drinking et Since I fell for you, le succès de Buddy Johnson, ce dernier thème chanté avec conviction par Otis Clay. Pinetop Perkins roule de belles basses et chante avec punch le fameux Pinetop's boogie woogie qu'il affectionnait tout particulièrement et qui lui valut son surnom de Pinetop (de là parfois une certaine confusion quant à l'auteur du morceau qui, en fait, est Clarence `Pinetop' Smith). Atmosphère très groovy sur Ida B où le vocal de Perkins est bien souligné par l'harmoniciste Mike Markowitz et le guitariste Tony O. Sweet home Chicago est de bonne facture et son rolling piano remarquable sur Pinetop's blues. Ne disait-il pas : J'ai pour habitude de rouler les basses comme le tonnerre? La version de Willow weep for me est tout à fait surprenante : Pinetop Perkins interprète le thème staccato, tout en martelant les basses. et transforme cette jolie ballade en un blues parfaitement maîtrisé et fort réussi. Un disque de blues de grande cuvée, millésime 1986. À ne rater sous aucun n rétexte. (C.S.)
Christian Sabouret (Bulletin du HCF N°612 - Juin/juillet 2012, page 18)
BLUES DE PARIS
MOVE IT !
Autoproduit - Le Baron 75003/1
Broken wrist, Cavalaire stomp, Barrelhouse blues, Sliding boogie, Rainy day boogie, You gotta move, Big mama's running, Slow train, Just because, In-go stomp, Workin' man boogie, Cocotte boogie, Blues oh blues, Rumba boogie.
Lorsque François Fournet, talentueux guitariste passionné de blues, rencontra Christian Ponard, autre guitariste présentant les mêmes symptômes, ils se retrouvèrent, embusqués derrière leur guitare, pour se livrer aux joies du duo fraternel. L'exercice se révéla si convaincant que, pour en renforcer l'efficacité, les deux complices accueillirent un autre duo, rythmique cette fois, bassiste et `drummer'. Ainsi naquit, en 2005, Blues de Paris dont le premier album, enregistré peu après, se révéla une bonne réussite signalée par une chronique du Bulletin 560. Vient de paraître le second album du groupe, datant de décembre 2011, qui se révèle plus remarquable encore. Même si les références à certains maîtres ès blues demeurent, la part de thèmes signés François Fournet devient importante dans ce nouveau recueil qui présente une réjouissante variété. Il débute avec Broken wrist, conjurant la catastrophe accidentelle qui, l'an dernier, brisa les deux poignets du chef. La musique nous rassure immédiatement, les deux mains fonctionnent à merveille et la guitare développe calmement son discours passionnant avec une sérénité et une décontraction totales en s'appuyant sur l'impitoyable pulsation de la contrebasse d'Enzo Mucci et de la batterie de Simon Boyer. Sur un tempo semi-lent voisin, Slow train sonne tout aussi superbement, mais dans un climat complètement différent. Plusieurs titres, tous dus à François Fournet, se déroulent de manière emballante sur un tempo plus ou moins vif, à commencer par Cavalaire stomp où la guitare enchaîne les phrases élégantes et les rifs impérieux balancés avec un swing irrésistible. De même, Rainy day boogie swingue furieusement, propulsé par la batterie et surtout la contrebasse avec une impulsion extraordinaire. La guitare se montre particulièrement mobile, captivante et insistante dans Workin' man blues, avec batterie bien en évidence : laconique et terriblement efficace dans Big mama's running, toujours avec rythmique euphorique ; exubérante dans Cocotte boogie ; éloquente dans Rumba boogie où les chorus s'alignent avec aisance et brio. Christian Ponard se trouve en vedette sur Sliding boogie dans lequel, avec enthousiasme, il chante en scat et utilise le slide comme le titre l'indique. Dans You gotta move, il interprète avec émotion ce blues en tempo lent de Fred McDowell d'un ton accablé, résigné. Trois plages sont chantées brillamment par Gabi Schneider, qui possède une voix fort expressive, au parfait timing et d'une décontraction confortable. Elle salue Ma Rainey dans Barrelhouse blues au feeling rayonnant et aussi dans Blues oh blues (seul titre enregistré antérieurement) à l'accent nostalgique. Dans un registre différent, Just because, au ton enjoué, swingue plaisamment, toujours avec l'assistance attentive d'un entourage rebondissant. En deux mots : superbe album ! (A. V.)
André Vasset (Bulletin du HCF N°612 - Juin/juillet 2012, page16)